Une quête identitaire dans Paris
Les faits :
1. En dehors du cauchemar qui m’a réveillé, je ne me souviens de rien, pas même de mon prénom…
2. J’ai le corps recouvert de bleus et un mal de crâne que, lui, j’aurais préféré oublier !
3. « Le marais » est le seul indice que ma mémoire a bien voulu me restituer.
C’est l’heure du choix et de l’action…
Vous, qu’auriez-vous fait à ma place ?
Sans identité et sans passé, comment construire son avenir ?
Livre de développement personnel romancé


Dany –
Une plongée dans le désordre organisé de l’âme
Je dangereux n’est pas simplement un roman : c’est une faille. Une déchirure dans le tissu trop lisse des récits habituels. Sophie Herrault ne nous tend pas une histoire ; elle nous lance un miroir brisé, et nous oblige à recoller les morceaux en acceptant qu’ils ne formeront jamais une image nette.
Le personnage principal, amnésique et en fuite, devient rapidement le vaisseau d’une question universelle : jusqu’où peut-on se réinventer sans cesser d’être soi ? Ce n’est pas un héros traditionnel.
Il est à la fois bourreau, victime, et spectateur de sa propre spirale. Ce qui rend la lecture troublante, c’est que ce flou n’est pas un effet de style, c’est le coeur même du livre. Sophie Herrault construit là une histoire qui refuse de choisir entre le réel, le rêve et le délire lucide.
Une mécanique identitaire en vrille
Ce qui frappe, ce n’est pas tant l’intrigue que le rythme psychique du récit. On ressent physiquement l’érosion mentale du protagoniste : son angoisse devient la nôtre, non par l’action, mais par les échos intérieurs. L’auteure joue avec les codes du thriller, mais les tord, les ralentit, les fait grincer, comme un vinyle rayé qui tourne à l’envers. Ce n’est pas un page-turner, c’est un vertige.
Une lecture qui vous regarde
Ce roman ne se laisse pas lire passivement. Il vous scrute autant que vous le lisez. Il vous force à vous demander : « Et moi, si je perdais tout repère, serais-je encore dangereux ? Ou simplement vide ? » La force du texte, c’est de déranger avec douceur : pas de violence gratuite, mais une instabilité sourde qui vous poursuit après la dernière page.
Un récit fractal
Chaque chapitre agit comme une pièce de puzzle, mais c’est un puzzle mouvant. Le sens change selon la lumière sous laquelle on le lit. Une relecture permettrait probablement de tout réinterpréter, mais ce n’est pas nécessaire. Ce que Sophie Herrault réussit, c’est une expérience de lecture organique, mouvante, imparfaite, et donc profondément humaine.
Conclusion : un roman comme un souffle chaud sur une vitre froide
Je dangereux laisse une trace. Pas nette. Pas durable. Mais présente. Comme si, en refermant le livre, on se disait : « Quelque chose m’a traversé. Je ne sais pas quoi. Mais je ne suis plus exactement le même. »
Style du livre : 8/10
Le style est fluide, maîtrisé, mais volontairement déroutant à certains moments. Sophie Herrault utilise une plume efficace, sans surcharge, tout en injectant des effets de trouble mental, de confusion, de manière subtile. On sent une volonté de créer un certain vertige stylistique — c’est réussi, mais cela peut perdre les lecteurs qui attendent une narration classique. Un bon 8, car l’écriture sert parfaitement le propos, même si elle ne cherche pas l’esthétisme littéraire pur.
Son histoire : 7/10
L’histoire repose sur un canevas assez connu (amnésie, quête d’identité, passé trouble) mais Sophie Herrault évite le piège du déjà-vu grâce à son approche psychologique et sa mise en scène singulière. Ce n’est pas tant l’originalité de la trame qui frappe, mais la manière de la déployer. Elle mérite 7, car le récit est solide et tient debout, tout en flirtant parfois avec des motifs un peu attendus.
Suspense et capacité à retenir le lecteur : 8.5/10
C’est l’un des points forts du livre. La tension ne vient pas de scènes d’action effrénées, mais d’un suspense intérieur — une forme d’angoisse existentielle. On tourne les pages moins pour « savoir ce qui va se passer » que pour « comprendre ce qui se passe ». Et ça, c’est plus rare. Le lecteur est happé non pas par le scénario mais par l’ambiguïté de la perception. Très bonne maîtrise, d’où ce 8.5.
La fin du livre : 6.5/10
La fin est cohérente avec l’esprit du roman, mais elle laisse volontairement des zones d’ombre. Cela plaira à certains, frustrera d’autres. Ce n’est pas une conclusion spectaculaire, ni une chute renversante, mais elle respecte l’ambiguïté mise en place tout au long. Elle aurait pu aller un cran plus loin dans le choc émotionnel ou le dénouement psychologique. Une note de 6.5 reflète cet équilibre : satisfaisante, mais pas inoubliable.
Note finale : 4 étoiles / 5
Je dangereux est un roman intelligent, immersif, bien ficelé, avec une vraie proposition narrative et un ton singulier. Il ne se contente pas de divertir : il cherche à troubler, interroger, bousculer, et dans l’ensemble, il y parvient. Ce n’est peut-être pas un chef-d’œuvre absolu, mais c’est une oeuvre marquante pour qui aime les récits psychologiques et les labyrinthes mentaux.